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Rivages de la nuit
I
J’ai écouté la nuit
fatigué par le brouhaha du monde
la maison chuchote sa pénombre
un plein de vie discrète
II
La nuit est la réponse guerrière au jour
III
Nuits à peine audibles
murmure d’une rivière souterraine
IV
La nuit se déchire comme un vieux rideau
et dévoile le territoire immense de nos rêves
V
L’aile de la nuit
oscille contre ma peau
s’envole sans bruit
VI
Ma nuit t’attend de pied ferme
Alors que mon inquiétude est statue de sel
VII
La nuit est plus bavarde que le jour
c’est seulement qu’elle murmure
VIII
Je vague
sur les rivages de la nuit
flottant sur la baille de mes songes
Intervalle entre deux mondes
moment d’une délicate intensité
le temps devient océan intérieur
Espace inconsistant dense pourtant
sans repères
sans limite
et sans bruit
autres que ceux de l’ailleurs
Bruissements
embrouilles et murmures
là près loin
à l’orée d’un outre-monde
IX
FAUVE NUIT
Tapi
dans l’ombre
des clameurs du jour qui se retire
je guette la nuit
Animal à l’affût
je ressens sa présence
son aura sauvage
sans défense nuit s’avance
M’apprête à fondre
m’enfoncer dans sa jungle
m’enfoncer dans l’odorant
de ses territoires
Elle est forêt de nuages
aux lambeaux de brumes
estompant lichens orchidées
fougères épiphytes
Je la tire par les chairs
fourmis de feu des désirs nocturnes
qui dressent les cartographies
de sentes quasi surnaturelles
Elle résiste
se débat avec mes lianes-pensées
se tord finit par s’abandonner terrassée
et dévoiler les étendues de son voyage
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