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Par Géry Lamarre le 9 Avril 2021 à 12:33
Rivages de la nuit
Chronique de Lieven Callant - revue Traversées.
Géry Lamarre, Rivages de la nuit, poèmes et peintures, édition unique, 2018
Il s’agit d’un très beau livre d’artiste, unique, où des peintures de Géry Lamarre sont accompagnées de ses poèmes. Le livre est réalisé par l’auteur lui-même et il s’agit d’une première. L’opportunité d’acquérir ce livre m’a été offerte en contactant l’artiste-poète via sa page Facebook. Un coup de coeur pour ces images abstraites reliées par des poèmes aux thèmes envoûtants de la nuit, des lisières entre le réel et le rêve, le jour et la nuit.
Aux mots est réservée la transparence granulée d’un papier choisi avec subtilité par l’artiste. Les textes ainsi s’intègrent visuellement à la manière des nuages aux peintures abstraites à l’encre noire. Le papier épais choisi pour les peintures restitue comme s’il venait de se produire le geste de l’artiste et l’on comprend face à ces empreintes que la nuit ainsi observée depuis ses rivages, est la peinture elle-même et l’image intérieure qu’elle propose face à ce phénomène naturel. La nuit c’est l’ombre qui succède au corps plein et réel du jour, de la lumière, de la blancheur de la page. L’ombre qui mesure le temps, explore l’espace lui cherchant une limite. L’ombre qui célèbre le vide, le silence, l’absence. L’ombre qui menace ou masque, l’ombre qui nous habite et accompagne nos gestes comme une âme le ferait.
Toutes les pages du livre sont volantes mais contenues dans un écrin de papier qui sert de couverture et de protection. Toutes les peintures sont signées et il n’est pas interdit d’imaginer qu’on pourrait les encadrer les unes à la suite des autres sur un mur.
Personnellement, je préfère manipuler avec le soin qu’elles méritent les pages non numérotées du livre et me questionner sur la nature de cet objet unique, sur sa saveur matérielle, sur l’odeur de l’encre et sur les infinis reliefs qu’une diffusion à grande échelle feraient sans doute disparaître.
Rien ne remplace le plaisir d’avoir un livre dans les mains même si je suis une fervente lectrice numérique et apprécie tous les partages que permettent les nouvelles technologies. Personne d’autre que moi, n’aura le plaisir de manipuler ce livre, certes, c’est un aspect qui détonne à l’heure de la reproduction industrielle massive des images mais c’est dans cette relation intime à l’image que naît la poésie. Une parcelle de l’infinité, un morceau du monde qui n’est en somme qu’un livre fait de papier et d’encre, de mots redécouverts par un être humain, le poète. Presque rien pour certains, presque tout pour d’autres.
Pour soutenir l’auteur, pour encourager l’artiste ou simplement parce que comme moi, on aime véritablement son travail, qu’on devine une ferveur unique, simple et complexe à la fois, parce qu’on partage les questionnements entre rêves et réalités, entre matières visibles et matière noire, parce qu’on sait que tout nous échappe: on peut acquérir d’autres livres réalisés par l’artiste en prenant contact avec lui. Le livre comme objet, comme questionnement artistique de diffusion d’un propos, d’un questionnement pictural, d’une interrogation sur la matière et le ressenti a toujours exercé sur moi un pouvoir magique. Un pouvoir capable de défier le temps tout en gardant ses principes intrinsèques, ses codes.
©Lieven Callant
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Par Géry Lamarre le 9 Avril 2021 à 12:33
Rivages de la nuit
poèmes de Géry Lamarre
Poèmes imprimés sur papier Fabriano Pergamon, accompagnés
de 4 encres sur papier vélin BFK Rives, 2018 - 2 exemplaires (épuisé)
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