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Loup y es-tu?
Loup y es-tu ?
1.
Etaient
si divers
ces ruisseaux
dans lesquels me suis abreuvé.
Un pied dedans
un autre sur la berge
ne pas
ne pas
s’y laisser absorber.
Leur surface d’eau
Miroitante
leur surface d’eau
mouvante
spéculation qui renvoie
à l’intérieur de soi
miroir sur lequel glissent les tourbillons
faux des images.
Mensonge de la surface.
Loup y es-tu ?
2.
Au lit de ces ruisseaux
au cœur
la matière !
Cette boue primordiale
dans laquelle
nous
d’avant-la-naissance-façonnés
écrivons notre dimension
une aire de terre sombre.
Une géographie d’argile
voilà de quoi en faire
matière
de notre destinée
nous offrant
si tant est
le je(u)
à nous agrandir.
Mais ne pas crier au loup !
3.
Ils étaient
si nombreux
avec à chaque fois
aux sources de chacun
cette récurrence
d’espaces hérités de l’enfance
où l’on s’écorche à vivre.
Alors qu’ il faudrait
y puiser
une joyeuse irrévérence.
Persister à
nous appartenir.
A chaque jour d’en jouer
d’en jouir
de s’en enjouer.
A pas de loup !
4.
Nombreux les jours
où la seule lumière
provenait de l’ennui
et d’autres
où la lumière…
même dans les automnes de la joie
nous accompagne la joie.
tel un feu élixir
venant du plus lointain de soi.
Là
siège la poésie.
Non celle seule des mots
celle de vivre
aussi l’ennui
ses heures anesthésiées de longs cris
silencieux
ces heures qui traversent le voyage du corps.
Comment négliger le chant des oiseaux
tout y est si léger
si grave
si sérieux
et si léger
au bout du conte.
© Géry Lamarre, 2022-2024