• Cette fleur à l'aube des mots

     

    1.

    Je vous parle aujourd’hui depuis.

    Ce singulier silence. Perlant sa rosée à l’aube des mots. Dans l’avant- fruit du chant. Silence gorgé d’absence présence du temps. Fleurant cette promesse d’espaces pareils à de grands ciels. Où s’envolent les graines aigrettes du regard. Là où on se devine. Sa plénitude est beauté.

     

     

    2.

    Silence. Au cœur de la vie. Ses fibres de sens et de non-sens entrelacées. Etroitement. Formant cet immense tissu. Fait de suaves frémissements. Ciselant de profonds sillons. Dans le blanc des verbes à tous les temps de l'in-finitif conjugués.

    Rien.

    Et tout à la fois.

     

     

    3.

    Murmures magnétiques des pierres. Leurs cheminements depuis. Les nuits anciennes. Incandescences mélodieuses. Des vents effleurant les peaux de tambours de la Terre. Ce même silence qui circule dans l’eau des aubiers. Et chuchote nos moissons de nuits.

     

     

    4.

    Je silence aujourd’hui depuis.

    Ce sanctuaire qui trahit toute profanation. Son éloquence décomposant tous les terrains de je. Une sédition au brouhaha. Et à l’idée qu’autres s’octroient de toute vérité.

     

     

    5.

    Glissent les multiples manières de s’écarter de soi.

    Glissent sur mon être oint du moiré de la mémoire.  Glissent aussi les jours. Les dates. Les heures.

    Reste cet effleuré d’intense. Une onde qui danse entre nous. Celui de maintenant. Et celui de demain.

     

     

    ©Géry Lamarre, 2021