-
Nous fûmes alors oiseaux de paradis (extraits -titre provisoire)
Ensemble de 27 poèmes....à ce jour. En voici le début.
Faa’ā 2001
Il y a les heures. Les jours. Les mois. Il y a
tout ce temps.
A apaiser.
En attendant.
Fils et Fille.
Les vertiges insubmersibles. Les matins saudades d’un bientôt. Ces moments. Par où entrent chiens et loups.
Voici venir. Cette meute d’heures espérées qui me place en un autre lieu. Ces nappes de nuages qui ont plongé sous le bleu des cieux. Remplaçant les neiges du cœur.
Il y a ces minutes. Qui me secondent. Pour vous rejoindre.
Fille et Fils.
19h33. Et la joie. Irradiant comme une seconde peau. Une lave qui couve de sous les écorchures de l’absence.
20h30. L’heure d’actualiser ton cœur. Vivre ce lien. Vivre le lieu. Cette vallée de feu. Cette fleur de nuit. Où tu atterris.
20h40. Faaʻā.
Ces secondes.
Infinies.
Où mes bébés se jettent dans mes bras.
* * *
[ Page laissée volontairement blanche ]
* * *
Faa’ā 2022
Pablo est venu me chercher à Faa’ā.
Quand je dis. Moi. Je devrais dire nous.
Quelque part j’étais à deux.
Fille en mon cœur. Toujours là où je suis.
Pablo est venu me chercher à Faa’ā.
Adulte. Le voici reparti.
Faa’ā
Partage ému.
Intense.
Collier de fleurs. De quasi trois années de distance.
* * *
Nous partons pour le quartier Ste Amélie. Et la Servitude Rey. Aux contreforts de la vallée.
Route abrupte. Sinueuse.
Sur les flancs taillés en paliers. Quelques chemins de ci de là. Végétation sertie de quelques habitations.
* * *
Autour d’une cour. Un lot de trois maisons maison. Surplombant une autre de style chinois.
Celle de Pablo et Inès. Est en retrait.
Une haie de bananiers. Nous accueille. Quelques mètres d’herbe tondue déploient un tapis jusqu’à un vieux portail. Tatoué. Tanné par les saisons des pluies.
Et le soleil.
Offrande de bienvenue aux vents. Des oiseaux de paradis aux grandes ailes verdoyantes virevoltent devant la terrasse. Prenant leur essor deux mètres plus bas.
Le regard s’envole sur. Un second rideau émeraude. Plus soutenu. Le versant voisin. Pour ensuite plonger. Tel un pétrel. Sur le port de Papeete.
Et l’océan. Vaste. A s’y noyer de rêveries.
* * *
Première nuit.
Dressée à l’aube des échos.
Dispersés sur les ergots. De la vallée. Une foule de coqs en liberté. Annoncent le jour. A leur heur biscornu.
Une heure et quart. Trois. Quatre… Leur équateur horaire. Déboussolé.
Tripot bavard de coqs sauvages. Depuis la vallée jusqu’aux sommets. Ils se répondent. Surenchérissent. En un concert d’échos. Pareils à des coursiers. A l’ouverture de la bourse solaire.
Combiens de nos néo bobos. Montés. Ou dispersés eux aussi sur leurs egos. Auraient. En notre contrée. En notes contrées. Porté plainte contre nature.
* * *
Virée en voiture. Vitres grandes ouvertes. La ville défile son agencement particulier. Et son rythme.
Nonchalant.
Un jeune sur le trottoir attend.
Je lui souris.
Il me renvoie son éclat de lumière…
* * *
Cette île qui fut jadis mon île de brumes.
N’est plus. Cette déchirure si éloignée inconnue.
C’était un temps passager. Fragile de retrouvailles tant attendues. Jeux joyeux des plages. Câlins provisoires. Votre jeune âge accroché aux fils d’hypnose de Cronos. De chantages siréniens. Nous étions trop complices tous les trois. Pour que cela reste sans jalousie.
Tu me racontes. Me dévoiles ces endroits de ton enfance. Que tu me partages. Aux droits de notre présence. Qu’ensemble nous vivons.
J’y entrevois aussi Luna. Et son rire éclatant.
Je vous ai tant imaginés.